« Bérenger ne lâchera pas le MSM si ses conditions ne sont pas acceptées par Navin Ramgoolam »

Remake 2000

« Pour remporter les prochaines législatives l’alliance MMM-MSM doit aller pomper au moins 6% dans le camp travailliste…

… Ce sera, en très grande partie, le boulot du MSM »

« La chute du gouvernement n’est pas pour demain….

… Cela étant dit, Paul Bérenger continuera certainement à clamer cette éventualité pour mobiliser et maintenir en état d’éveil son camp»

— D.E.V.
Groupe d’études d’opinion ORA-Consult


Les défections du camp gouvernemental qu’escomptait l’opposition n’ayant pas eu lieu, les élections ne sont pas pour demain. Or le principal motif de la constitution de la nouvelle alliance MMM-MSM reposait sur cette éventualité. Du coup, le Remake 2000 n’a pas produit cette dynamique de nature à faire fléchir la majorité même si celui-ci a fait évoluer modestement le rapport de forces. Dans la perspective des élections en 2015, et si le Remake tient jusque-là, la bataille qui compte est désormais entre le MSM et le PTr qui se disputent un segment électoral volatile et décisif.
D.E.V., spécialiste du comportement électoral et animateur du groupe d’études d’opinion ORA-Consult, commente le nouveau paysage politique qui se dessine…


* Qu’est-ce qui incite Paul Bérenger à vouloir à tout prix une alliance alors qu’une partie de la base MMM souhaite poursuivre seul le chemin qui mène aux élections générales ?

Le MMM, en l’état et dans le contexte actuel, ne peut remporter seul des législatives, face à une alliance menée par le PTr dans une lutte à deux. Il faut dire que le MMM n’a pas les moyens ou ne se donne pas les moyens de chercher ces points qui lui manquent pour être majoritaire. Il s’est installé depuis la défaite de 1987 dans une logique d’alliance. Une stratégie qui lui a fait perdre du terrain depuis les années 90: de 49% dont 1% à Anil Baichoo en 1987, il est aujourd’hui crédité de 43-44% avec tout de même un socle électoral structuré de 40%. Le segment de ses « déçus » est de 3-4%, notamment lorsque le MMM est en alliance ; ceux-ci choisissent l’abstention faute d’offre crédible. Il a certes profité de la disparition de Sir Gaëtan Duval, mais par contre il a notamment connu une baisse auprès de l’électorat musulman et est davantage pénalisé par l’abstention qui a progressé depuis les années 90.

* Que se passera-t-il au cas où le scénario d’une lutte à trois opposant l’Alliance PTr-PMSD, le MMM, et le MSM se présente ?

A part la confrontation de 1976 opposant le PTr, le MMM et le PMSD, il n’y a pas eu de véritable lutte à trois. Incontestablement, on peut considérer que depuis 2000, il y a une troisième formation, en l’occurrence le parti de Cehl Meeah implanté dans la région port-louisienne. Ce parti a recruté essentiellement dans l’électorat MMM et a entraîné le déclin de ce dernier dans la capitale. C’est d’ailleurs un mouvement qui s’installe durablement dans le paysage politique et qui mérite d’être observé de près.

Dans l’hypothèse d’une lutte mettant aux prises le PTr, le MMM et le MSM, la probabilité d’une victoire du MMM n’est pas à écarter. Il pourrait bénéficier d’une certaine nuisance value du MSM. En analysant les résultats dans 6-7 circonscriptions, on constate qu’il suffit d’une dispersion, même minime, pour que la différence soit faite. Cela dit, je vois mal ce scénario se présenter. Le MSM, s’il ne s’allie pas avec le MMM, s’alliera tôt ou tard avec le PTr, si entre-temps ce dernier n’est pas en alliance avec le MMM.

Les intéressés trouveront toujours le bon mot justifiant tel ou tel arrangement. On a vu tellement de revirements pour le moins spectaculaire que tout cela fait partie de notre paysage politique, de notre folklore. Au fond, ce n’est pas si étonnant dans un pays où il n’y a pas de véritable clivage idéologique ou programmatique, où tous les partis se disent socialistes ou sociaux-démocrates, curieusement.

En 1998, après l’éclatement de la Fédération MMM-MSM, personne ne prévoyait la formation d’une alliance entre ces deux partis pour les élections de 2000. Curieusement c’était une alliance PTr-MMM qui était à deux doigts d’être conclue. Fin 2010, alors que l’alliance PTr-PMSD négociait avec le MSM et le MMM séparément, le MMM discutait avec le MSM de son côté. On a eu au final une alliance PTr-PMSD-MSM… toujours à la veille des élections.

* Une réforme électorale instaurant une dose de proportionnelle sur laquelle le MMM et le PTr sont presque d’accord signifierait-t-elle la fin des alliances pré-électorales ?

Pas exactement. Pour qu’il n’y ait pas d’alliances pré-électorales, il faut que tous les partis qui comptent sur l’échiquier jouent le jeu. Ce qui n’est pas évident.

Le MSM ne s’inscrira sûrement pas dans cette démarche : (1) Ce n’est pas du tout certain que ce parti atteigne le seuil exigé pour prétendre à des sièges. (2) Quand bien même il recueillerait 12%, cela se traduirait par à peine 3 élus uniquement par la dose de proportionnelle préconisée.

Non, le MSM marchandera à prix d’or son rôle pivot sur l’échiquier — avant les élections — sans l’ombre d’un doute -, bien entendu, si les deux partis dominants, c’est-à-dire le PTr et le MMM, ne s’allient pas.

Le MSM est passé, en outre, maître en matière de négociation d’alliance. En 1983 et 1987, il avait laissé des miettes au PTr dont le socle électoral était beaucoup plus important. En 1991, avec une audience de 10-12%, il obtenait la part du lion — dont le full prime ministership — d’un MMM à 45 points. En 2000, crédité de 7%, le MSM décrochait le 50-50 et le partage du prime ministership ; en 2005 avec 3-4% d’audience, il obtenait du MMM pratiquement le même deal.

En 2010, en alliance avec le PTr, toujours avec ses 3-4%, le MSM décrochait 17 tickets, plus la tête de Rama Sithanen. Dans l’actuel Remake 2000, il demeure particulièrement gâté : 50-50, le partage du prime ministership et, cette fois-ci, la tête d’Ashock Jugnauth.

* Quel regard portez-vous sur le Remake 2000 de 2012 ?

A la manière de Navin Ramgoolam entre 2005 et 2007, qui a su avec brio profiter des bisbilles MMM-MSM, cette fois-ci Paul Bérenger a bien profité du climat délétère qui régnait dans la majorité entre le PTr et le MSM après 2010. Il a su bien manœuvrer dans le sillage de l’affaire MedPoint, menant une véritable guerre-éclair. De toute évidence, son coup de maître a été l’assurance donnée rapidement aux élus MSM qu’il y aura un remake 2000, et que le gouvernement ne tiendra pas longtemps, verrouillant ainsi le MSM. Ce qui avait facilité, en grande partie, la démission en bloc du groupe parlementaire MSM — sauf pour deux d’entre eux — de la majorité gouvernementale.

A partir de là, dans un premier temps, il y a bien eu une séquence assez longue et tenace avec Bérenger jouant sur les deux bords : martelant sur l’imminence de la chute du gouvernement et le remake 2000, tout en alimentant une ligne de communication avec le PTr. Or, il n’y a pas eu de défections du camp gouvernemental, donc pas d’élections anticipées en vue. Dès lors, même si le remake 2000 semble être ficelé pour l’instant, une dynamique de nature à faire bouger les lignes durablement est à écarter. Rappelons au passage qu’en 2000, l’alliance MMM-MSM intervenait à la veille des élections et avait pris à la gorge la majorité de l’époque. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Il faut savoir qu’une dynamique s’enclenche difficilement à trois années des élections.

* Est-ce que le gouvernement peut tomber d’un moment à l’autre, comme le clame Paul Bérenger ?

L’optimisme affiché par les dirigeants de l’opposition quant à d’éventuelles défections du gouvernement, entraînant du coup sa chute, nous paraît exagéré. D’abord, ce serait bien étonnant qu’un ministre laisse son portefeuille… aussi ‘patriote’ soit-il. Il serait d’autant plus stupéfiant s’il est élu dans une circonscription plutôt travailliste. Quant aux députés, seuls ceux élus dans des circonscriptions urbaines – où le MMM a de fortes assises – pourraient être tentées de changer de bord. J’en vois seulement cinq, dont trois travaillistes se réclamant « pur-sang » ou de conviction et un PMSD très proche de son leader. Certes, il y a eu quelques frustrations ; mais passé le moment d’amertume, tout a fini par se calmer, la raison primant sur l’émotion. Par conséquent, la chute du gouvernement n’est pas pour demain. Cela étant dit, Paul Bérenger continuera certainement à clamer cette éventualité pour mobiliser et maintenir en état d’éveil son camp d’abord et aider son partenaire dans son opération de conquête d’une partie de l’électorat travailliste.

* Le remake 2000 étant entériné, quel est aujourd’hui le rapport des forces politiques ?

Bien entendu, le rapport des forces — avant et après la rupture — de l’alliance gouvernementale n’est plus tout à fait le même. Pour autant, il n’est pas comparable à 2000, et ne constitue pas une menace sérieuse pour la majorité gouvernementale.

Il faut se rappeler qu’en 1995 le MSM avait recueilli 20% des suffrages. Ce score élevé s’explique par le fait suivant : en alliance avec le MMM, le PTr — par le phénomène de vases communicants entre l’électorat du PTr et du MSM –, avait subi une déperdition en faveur du MSM qui avait pu capter une partie des mécontents de l’alliance contractée avec le MMM.

Le MSM de 2000 avait pu conserver 12%, ce qui avait permis à l’Alliance MedPoint de remporter les législatives avec 52%.

De 2000 à 2005, le socle électoral du MSM de 12% s’est considérablement effrité au profit du PTr (8 à 9%), le phénomène de vases communicants PTr-MSM intervenant – cette fois-ci – en faveur du PTr. Cela s’est traduit par la victoire en 2005 de l’Alliance sociale (49%). Le PTr, du fait d’avoir le MSM à ses côtés, a pu retenir ce segment en 2010. Précisons que les 3-4% qu’on retrouve systématiquement au MSM constitue un « hard core », un noyau pur et dur, parfois stratège — comme l’ont démontré les performances des élus du MSM en 2010. Un exemple frappant : c’est l’écart entre les deux élus MSM et le travailliste Suren Dayal aux dernières élections au N°8.

S’agissant du MMM, notre estimation à ce jour lui confère un socle au demeurant solide de 40% dans le Remake. Il avait recueilli, seul, 43% en 2010, mais en alliance avec le MSM, on peut s’attendre à une déperdition mécanique de 2-3%. C’est un segment qui, faute d’offre crédible sur la périphérie du MMM, se retrouve dans l’abstention ou le panachage électoral.

Par conséquent, avec le « hard core » MSM, soit 3%, l’alliance MMM-MSM se trouve avec un socle électoral de 43%. Et pour remporter les prochaines législatives l’alliance MMM-MSM doit aller pomper au moins 6% dans le camp travailliste. Ce sera, en très grande partie, le boulot du MSM.

Ce qui n’est pas évident :
(1) SAJ et le MSM ne représentent pas la même offre électorale crédible qu’en 2000 à ce segment critique de l’électorat qui oscille entre le PTr et le MSM ;
(2) il y a de sérieux doutes quant à la véritable motivation de l’entrée de SAJ dans l’arène politique, et
(3) l’actuelle majorité gouvernementale a amplement le temps de se préparer, alors qu’en 2000 elle était prise à la gorge, la dynamique de l’alliance MedPoint jouant à fond.

La situation est d’autant plus compliquée lorsqu’on considère que pour que le nombre d’élus MSM soit suffisant de manière à donner une légitimité à l’éventuel PM des trois premières années, en l’occurrence SAJ, le MSM doit capter en sus de ses 3% de fonds propres 8-9% supplémentaires. Tâche extrêmement difficile.

Quant au PTr, il s’agit de préserver ces 8-9% convoités par le MSM, tout en se positionnant sur un autre front : séduire les « déçus » du MMM tentés par l’abstention. Ce ne sera pas une partie de plaisir. Il n’a pas droit à l’erreur sur le plan stratégique et tactique. Cela nécessite une rigoureuse appréciation du terrain et une approche critique des remontées. Empiriquement, il y a toujours en la matière un peu de surestimation de la force réelle d’une majorité gouvernementale. Il y a aussi la question d’alignement de « bons candidats », que semble privilégier de son côté et à juste titre Paul Bérenger au regard des erreurs de casting de 2010. Il y a bien évidemment le bilan, les résultats. Il s’agit là de se focaliser sur les véritables enjeux qui comptent. Lorsqu’on interroge les Mauriciens sur leur préoccupation, le chômage, la vie chère, la pauvreté et la corruption arrivent largement en tête, loin devant la réforme électorale ou la 2ème République.

* Est-ce que la « popularité » de SAJ, telle que évoquée dans des études d’opinion, peut aider à chercher ces indispensables 8-9%?

Certes, la « popularité » de l’ex-Président de la République est bien réelle pour de multiples raisons à la fois rationnelles et irrationnelles et constitue une ressource importante. Mais elle n’est pas déterminante. Il ne faut pas confondre popularité qui se mesure dans l’absolu — personnalité par personnalité, et intentions de vote qui se mesurent en comparaison avec des concurrents. En 2000, précisément, Navin Ramgoolam caracolait en tête des baromètres de popularité. Cela ne s’est pas traduit en intentions de vote. Non, il faudra beaucoup plus que la côte de popularité de SAJ pour capter ces 8-9%.

Un autre exemple d’actualité, c’est le cas des présidentielles en France : le candidat François Bayrou dont la côte de popularité est la plus élevée des personnalités politiques a fait moins de 10% lors du premier tour des élections.

* Au fait, qui de Paul Bérenger ou de Anerood Jugnauth sera le challenger de Navin Ramgoolam lors des prochaines législatives – bien entendu à la suite du dénouement de l’affaire MedPoint ?

Comme dit précédemment, le socle électoral du MMM reste « scotché » à 40% et ne peut donc compter que sur le MSM pour aller chercher les points nécessaires dans le camp travailliste afin de remporter les élections générales. Par conséquent, dans l’actuelle configuration Remake face à l’Alliance PTr-PMSD, c’est SAJ qui est le véritable challenger de Navin Ramgoolam.

* Les meetings du 1er mai dernier auront-ils un impact sur les rapports de force entre les principaux blocs ?

Pratiquement personne ne croit à l’imminence des élections générales. Par conséquent, ces meetings, peu importe l’affluence chez les uns ou les autres, ne sont pas de nature à faire bouger les lignes.

Pour autant, cela ne veut pas dire qu’ils ne servent à rien. Il faut dire qu’ils interviennent en pleine crise larvée où le gouvernement est sérieusement défié. Puis, l’opposition est dans le doute à la fois pour ce qui concerne la réussite d’une éventuelle opération de censure du gouvernement et la stratégie d’alliance à trois ans des élections.

Il s’agit donc pour le gouvernement à travers cette démonstration de force, cet étalage de muscles, de signifier qu’il dispose du soutien populaire et pour l’opposition de montrer que sa stratégie à travers le Remake 2000 a l’appui populaire – entendez partisan. A vrai dire, à trois ans des élections, il s’agit ni plus ni moins de méga-congrès festifs qui ne peuvent être comparés en termes d’impact sur les rapports de force à des meetings intervenant dans la dernière ligne droite d’une campagne électorale influant sur les indécis.

Il y aura d’autres séquences qui auront, elles, une certaine influence sur l’évolution des rapports de force dans la perspective des prochaines législatives. Il y a d’abord le dénouement de l’affaire MedPoint à l’origine de la recomposition du paysage politique.

Il y aura les municipales qui ne peuvent être comparées à celles de 2005, lorsqu’elles étaient tenues dans la foulée des législatives favorisant ainsi l’Alliance sociale. Elles donneront une indication de l’évolution des rapports de force dans les villes où le MMM toutefois est dominant, compte tenu des résultats des législatives de 2010.
Même si elles ne sont pas aussi clairement politisées et clivées comme les municipales, les villageoises vont être intéressantes à analyser au regard de la bataille déterminante que se livrent le PTr et le MSM pour défendre ou conquérir ce segment qui fait la différence.

* Pour les élections de 2005 et 2010, vous aviez vu juste dans vos prévisions. Selon vous, qui des deux alliances : remake 2000 ou alliance de l’Avenir est en mesure de remporter les prochaines législatives ?

En effet, en 2005 et 2010, nos analyses et prévisions étaient très proches des résultats des urnes. En 2005, alors que les sondages repris par les commentateurs voyaient la victoire de l’alliance MMM-MSM, nos prévisions voyaient plutôt l’Alliance sociale gagnante avec 40 sièges contre 20 à l’Alliance MMM-MSM. Résultat des urnes : 38-22 en faveur de l’AS. En 2010, alors que les plus optimistes donnaient un 35-25 à l’Alliance de l’Avenir, nous prévoyions un score de 41-19. Résultat : 41 sièges pour l’Alliance de l’Avenir contre 18 à l’Alliance du cœur.

Mais les études, accompagnant ces prévisions, avaient été réalisées dans la dernière ligne droite de la campagne, dans la phase critique dite « cristallisation du vote » qui fige progressivement les positions des uns et des autres et non pas à trois ans de l’échéance.

Il est impossible de prédire quoique ce soit dans beaucoup de domaines, notamment économique, qui peuvent modifier la donne d’ici 2015. D’autant plus que compte tenu de certaines spécificités bien mauriciennes, nous ne pouvons savoir ce que sera le paysage politique d’ici là. Plusieurs configurations sont possibles :

1. Le remake 2000 pourrait s’éclater à l’instar de la Fédération MMM-MSM de 1998, sous la pression de la base MMM et des personnalités du giron MMM, et l’incapacité de SAJ à obtenir les défections qu’il avait en tête. Pour déboucher sur une lutte à trois très improbable.
2. Une nouvelle alliance MedPoint III, après cassure de MedPoint II, à la veille des prochaines élections.
3. Une Alliance de l’Avenir II, marquée par une réconciliation SAJ-Navin Ramgoolam, cette possible « paix des braves », toujours à la dernière minute après des négociations croisées.
4.
Une alliance PTr-MMM. Cette option reste, à notre avis, la plus souhaitable, avant tout pour le pays, et on peut même parler de la nécessité d’un gouvernement de salut national compte tenu des nombreux défis qui nous guettent. Nous avions clairement privilégié cette option en 2010 au regard de la crise que traversait en particulier la zone Euro et que nous voyions comme une sérieuse menace pour notre pays. Depuis la situation s’est empirée.

* Paul Bérenger aura besoin d’une bonne raison pour se débarrasser du MSM. Du fait de ses antécédents, on pourra compter sur lui : il saura fabriquer cette raison ?

Paul Bérenger, comme hier Navin Ramgoolam, continuera à jouer sur les deux tableaux dès lors que les défections attendues n’ont pas eu lieu. Vous pouvez, comme vous le dites, faire confiance à Paul Bérenger pour trouver le justificatif approprié s’il lâche le MSM. D’ailleurs, tous nos hommes politiques disposent d’une panoplie d’arguments en toute de circonstance pour justifier tel ou tel revirement. Le plus connu, c’est le fameux « dans l’intérêt de la nation ».

* Mais avant que Paul Bérenger ne songe à renvoyer le MSM dans le carreau canne, il faut que les conditions d’un rapprochement avec les Travaillistes soient réunies. Pas évident cependant que ces conditions coïncident avec les intérêts et l’ambition de Navin Ramgoolam ?

Paul Bérenger ne lâchera pas le MSM si ses conditions ne sont pas acceptées par Navin Ramgoolam. Ses principales conditions restent peu ou prou les mêmes qu’en 2010 :
1. un nombre important de tickets reflétant la force électorale du MMM ;
2. la mise à l’écart d’un certain nombre de dignitaires « blacklisted » ;
3. un programme de ce que PRB appelle « nettoyage », notamment en matière de lutte contre la corruption ;
4. un droit de regard sur les nominations ;
5. la réforme électorale avec le maintien du Best Loser System ; et
6. la 2ème république avec un partage de pouvoir entre le Premier ministre et le Président élu par le Parlement et non au suffrage universel direct.

A mon avis, seules deux conditions — l’application du « blacklist » et le partage de pouvoir dans le cadre d’une 2ème République — pourraient coincer la machinerie. Cependant, tout va dépendre de l’évolution des rapports de force. Ceux-ci reposent en grande partie sur le dénouement de l’affaire MedPoint et autres affaires impliquant les uns et les autres, de la situation économique et sociale, du sérieux du gouvernement et de l’opposition. Les « koz-kozé », dans tous les sens, vont durer un certain temps jusqu’à la veille des prochaines élections avec des revirements, des ralliements, des ruptures, les uns plus spectaculaires que les autres.

D.E.V.
Groupe d’études d’opinion ORA-Consult


* Published in print edition on 11 May 2012

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