Democracy Watch Mauritius – Bulletin du 28 août 2024

Opinion

MTC et l’organisation des courses, climat en crise, et le cas Elizier François

Défense des droits acquis : le cas de la MTC et l’organisation des courses

Nous écrivions le 16 mai 2024 sur la défense des droits des citoyens dans un secteur qu’ils ont développé : «Loin de vouloir commenter techniquement l’organisation, les règlements, succès et failles dans l’organisation des courses à Maurice (par le MTC depuis 209 ans), nous affirmons qu’il est inacceptable qu’un gouvernement, par le biais d’un projet de loi (même pas en soi mais comme une annexe du Finance Bill), tente de nationaliser et d’accaparer un domaine privé qui, de surcroît, est très populaire et emploie plus de 300 personnes qui risquent de se retrouver au chômage, à l’exception de quelques-uns qui seraient de ‘noubann’ !

Pourquoi un tel désir d’accaparement ? Pourquoi utiliser une majorité au Parlement pour ‘accaparer’ ce secteur via un projet de loi ? Encore une fois, défendons les droits des citoyens dans un secteur qu’ils ont développé. Si une telle loi est adoptée, aucun secteur ne sera à l’abri de prises de contrôle. Il est à noter que ce gouvernement (qui affirme et généralement agit pour le bien-être de la population) n’avait aucunement prévu ce genre de nationalisation dans son programme gouvernemental de 2019».

Commentaire de DWM : Il est encore temps de réagir ! Heureusement, le gouvernement MSM (à son honneur) corrige ce prise de contrôle qui était non seulement contraire à l’éthique mais inacceptable, car si un tel accaparement est toléré, aucun autre secteur ne sera à l’abri. Mais attendons que cet exercice de restitution à la MTC soit complété ! Nous demandons aux deux principales alliances qui peaufinent leurs manifestes/programmes électoraux pour les prochaines 5 années d’inclure un engagement pour que cela ne soit pas une prérogative de leur gouvernement une fois élus. La défense des droits des citoyens dans un secteur qu’ils ont développé et la propriété privée sont fondamentaux pour toute démocratie.

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Surging Seas and Warming Planet!

À Tonga, une île du Pacifique, le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, a tiré la sonnette d’alarme sur une catastrophe mondiale imminente due au changement climatique. Il a déclaré que le Pacifique est la zone la plus vulnérable, mais que «LES MERS ENFLEMENTS VONT NOUS ATTEINDRE TOUS».

Le Secrétaire Général explique à nouveau ce que les scientifiques ont confirmé : les gaz à effet de serre, largement générés par la combustion des combustibles fossiles, réchauffent notre planète. (Le réchauffement global est le résultat de cette combustion extraordinaire pendant une courte période de nos 300 ans de révolution industrielle, avec des millions de tonnes de pétrole et de charbon, produits au cours de millions d’années durant le Jurassique). SG Guterres se base sur le dernier rapport de l’équipe d’action climatique de l’ONU intitulé « Surging Seas in a Warming World » pour affirmer que le niveau moyen mondial des mers augmente à des taux sans précédent au cours des 3 000 dernières années.

Nous avons une chance de lutter contre l’effondrement irréversible des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental et les catastrophes qui en découlent seulement en limitant le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius.

Face à de telles calamités imminentes, quelle est la réaction du gouvernement mauricien? Où est notre plan d’action? La population a-t-elle été informée des dangers potentiels, notamment dans les zones côtières ? Où sont les installations de sécurité?

La triste réalité est que le gouvernement et les autres partis politiques ont d’autres priorités pendant la campagne électorale en cours. Certes, les manifestes politiques n’ont pas encore été publiés, mais il semble que l’accent soit mis sur l’augmentation des salaires, des allocations et des pensions ainsi que sur la distribution de cadeaux, mettant davantage l’accent sur l’accélération de la croissance économique et négligeant les réels dangers pour notre petite île vulnérable.

Democracy Watch a écrit plusieurs articles sur les conséquences dramatiques du changement climatique sur la population mondiale, y compris la nôtre. Nous avons indiqué que l’élévation du niveau de la mer affecte les vies et les moyens de subsistance des îles côtières comme la nôtre. Nous avons appelé le gouvernement à prendre les mesures nécessaires pour réduire les émissions de gaz et à entreprendre un vaste plan de reforestation.

Les partis politiques ne pourraient-ils pas se mettre d’accord pour discuter avec des experts locaux et internationaux des politiques et stratégies identifiées par les COP pour éviter une aggravation de la situation ? Et discuter des moyens de leur pleine mise en œuvre par Maurice ? Dans l’intérêt national ?

Chaque jour, nous assistons à des catastrophes terribles dans différentes parties du monde, priant pour que notre tour ne vienne jamais. Le temps presse, mais nous espérons encore que les dirigeants de la planète prendront en compte l’analyse détaillée du GIEC et commenceront à mettre en œuvre pleinement les actions recommandées par la COP de Paris de 2015 et les COP suivantes. Les actions sont essentielles pour contrôler le changement climatique et le réchauffement global. Avant qu’il ne soit trop tard : la prévision actuelle est une augmentation de 2,7 degrés de température d’ici la fin du siècle, ce qui serait catastrophique pour la planète. La tendance doit être inversée!

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Snober un Eliézer François ressemble au renvoi de Mandela à Robben Island

Texte : Quand l’ordre et la paix laissent à désirer (Le Mauricien du 14 août 2024)

Commentaire de Democracy Watch : Relisons cette lettre d’Eliezer François, député de 1967 à 1982, ministre des Terres de 1976 à 1982, observateur avisé de notre actualité politique, osant dire tout haut ce qu’il pense. Il est de ceux qui ont toujours quelque chose de sensé à nous dire, du moins quand nos derniers journaux lui ouvrent leurs colonnes. Il se réfère à une déclaration de Pravind Jugnauth, rapportée par Le Mauricien du 4.6.2024 : « L’instauration du law and order relève autant de la population que de la police et du gouvernement ». Mais depuis, on recrute beaucoup de policiers. Les élections imminentes obligent. Eliezer François précise qu’il ne nourrit aucune haine contre notre Police, plusieurs de ses proches en font d’ailleurs partie. Mais il se croit obligé de se plaindre publiquement du mauvais accueil qu’il reçoit à la station de police d’Abercrombie.

Le 4 juillet 2024, il signale un dangereux cas d’obstruction routière. On lui promet de faire le nécessaire. Mais le problème persiste. Il relance ses avertissements, comme l’exige son devoir de citoyen. Il constate que non seulement les policiers concernés font la sourde oreille mais qu’il devient également leur emmerdeur N°1. Lors de la manifestation de Zenfan Ross-Bois (pour que ceux-ci puissent obtenir un emploi au sein de la Cargo Handling Corporation), l’arrestation du président, Johnny Latour, a suivi. Lorsque Eliezer François se rend à la police d’Abercrombie pour prendre des nouvelles de ce détenu provisoire, un policier se permet de le menacer de l’enfermer également. Pire encore, la police lui attribue des menaces de trouble à l’ordre public qu’il n’a jamais prononcées. Cela lui vaut une interpellation et la privation de son passeport.

Depuis la parution de cet article, quinze jours ont passé sans la moindre réfutation. Nous pouvons donc conclure que « qui ne dit mot consent ». Nous savons que de nombreux policiers sont quotidiennement confrontés à des exagérations d’individus, plus ou moins dérangés, prenant un malin plaisir à encombrer le travail des défenseurs de l’ordre et de la paix. Mais on ne saurait ranger un sage de la stature d’Eliezer François dans ce registre. Sa vaste et longue expérience, tant parlementaire que ministérielle, plaide en sa faveur. La population s’attend à ce que tout policier digne de ce nom prenne en compte de telles doléances responsables. Soutenons même que tout chef d’une réelle force policière, a fortiori un ministre de l’Intérieur respecté, aurait jugé bon de prendre contact, personnellement ou par l’intermédiaire d’un collaborateur, avec un tel sage pour en savoir plus sur cette polémique et recueillir son précieux avis sur la question. Cela démontrerait seulement que le Pouvoir est à l’écoute de ce que pense la population. L’ABC de toute démocratie bien comprise. Quand on maltraite un Eliezer François, qu’en sera-t-il d’un Ti-Dimounn, ne disposant pas d’un bon acte de naissance ? La mésaventure survenue à ce politicien, qui continue malgré son âge avancé à défendre les droits des habitants de Maurice, n’est pas sans rappeler ce temps honni de l’oligarchie et du colonialisme le plus abject, car anglais, quand seuls avaient voix au chapitre ceux ayant leurs grandes et petites entrées au Pouvoir, tellement exclusif d’alors. Hier, il fallait montrer patte blanche pour accéder au château du Réduit ou à l’Hôtel du Gouvernement. Depuis, l’orange sied mieux que le blanc d’avant-guerre. Mais l’oligarchie reste l’oligarchie. Il y a toujours ceux devant lesquels les chefs de département s’aplatissent et les autres qu’on menace de cachot. Nous ne pouvons obliger aucun ministre, aucun haut fonctionnaire, à avoir des égards pour la sagesse citoyenne d’un Eliezer François. Mais quand on snobe un Mauricien aussi émérite, c’est comme renvoyer Nelson Mandela à Robben Island. Puissent les générations futures nous pardonner une lâcheté aussi vile.

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Nous acceptons que seulement 4% de 504 000 tonnes de déchets soient recyclés

Texte : Environnement. Gestion des déchets. Kavy Ramano : «Mare-Chicose est un mal nécessaire… Ce n’est pas normal que Maurice recycle seulement 4% des 504 000 tonnes annuelles de déchets entassés désormais verticalement» (Le Mauricien du 14 août 2024)

Commentaire de Democracy Watch : Intéressante et prometteuse constatation du ministre chargé de la sauvegarde de la nature. Malheureusement, elle vient tardivement alors que les prochaines législatives sont imminentes. Nous ne pouvons même pas dire « mieux vaut tard que jamais » car il est réel que le successeur de KR prendra autant de temps que lui pour parvenir au même constat en 2029. N’importe quel écolier, pour peu qu’on lui demande son avis, vous répondra que si 4% est insuffisant, il suffit d’augmenter rapidement ce pourcentage, en cherchant prioritairement ce qui, dans la loi de l’offre et de la demande, bloque cet exercice de recyclage de nos déchets, pourtant prioritaire. Il ne faut pas non plus être un grand clerc pour deviner que si les entrepreneurs et opérateurs ne se bousculent pas, c’est parce que la rentabilité du recyclage des déchets reste tristement incertaine, alors que les obstacles à surmonter sont plus élevés que l’Everest. Mais comme cette opération est éminemment d’utilité publique, l’État, autrement dit les députés que nous avons plébiscités le 7 novembre 2019, se devait prioritairement de prévoir les subsides publics requis mais durablement garantis, pour inciter les entrepreneurs à se lancer dans une véritable œuvre de salut public, bien que désespérément aventureuse. Ce n’est même pas un problème financier, car les ministres savent déjà siphonner l’argent des contribuables, même à des fins partisanes. Et quand le privé fait le mort, le secteur public doit prendre l’initiative. L’extension verticale de ce dépotoir indique suffisamment que nous avons atteint un stade de non-retour et que, sans solution innovante, nous décuplons les risques de pollution du sous-sol concerné, pouvant devenir irrémédiable, y compris pour le lagon du Grand-Port. Qui veut la fin veut les moyens. Tout gouvernement voulant sincèrement améliorer cette piètre performance de seulement 4% de recyclage des 504 000 tonnes annuelles de déchets doit donc aider les volontaires à cette urgente œuvre de salut public à surmonter leurs appréhensions financières.

Il y a aussi un problème à résoudre urgemment de l’autre côté de la chaîne. Il s’agit de l’habitude citoyenne du tri des déchets domestiques. Qui, en août 2024, sait comment trier ses déchets domestiques pour faciliter leur recyclage, et où déposer les déchets en plastique, en verre, en papier ou en métal ? Des supermarchés, qui offraient jadis de vastes poubelles pour ces différents déchets, les ont éliminées, car parfois les déchets déjà triés étaient ramassés ensemble dans le même camion ! Pourquoi les bâtiments publics, disposant de parkings suffisamment vastes, ne donneraient-ils pas le bon exemple en mettant à la disposition du public de grandes poubelles pour déchets dûment triés?

L’école peut aussi jouer un grand rôle. Elle peut initier ses élèves aux avantages du tri des déchets et les encourager à déposer les déchets domestiques dans l’enceinte scolaire. Elle pourrait offrir un gadget incitatif aux élèves pour les encourager à faire ce pas décisif. Laissons à ces enfants le soin de désigner l’objet convoité qui pourrait les aider à devenir de futurs citoyens responsables. Des prix trimestriels suffisamment substantiels pour l’école la plus performante pourraient encourager les directions scolaires à se surpasser pour ne pas être dépassées par la concurrence. Et si cela fonctionne dans le primaire, pourquoi ne pas l’étendre au pré-scolaire, au secondaire et même à la formation universitaire et technique ? Et repenser le ramassage des ordures par les collectivités locales et leur recyclage. L’imagination au pouvoir peut résoudre bien des problèmes que l’on pensait désespérément insolubles. Il s’agit après tout de la bonne vieille politique de la carotte, précédant judicieusement celle du bâton.


Mauritius Times Online Friday 30 August 2024

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