De l’incarcération à la vie en prison : Rude expérience de Nehru

D’un régime à un autre, l’amélioration de la vie citoyenne est à l’ordre du jour. C’est alors que la prison, les conditions de détention et les lois en vigueur pour arrêter les fauteurs de trouble et d’autres personnes qui dérangent la vie publique obligent à remettre en question un certain nombre de données.

Mais comment est la vie en prison ? En interrogeant quelques-uns qui ont fait des mois ou des années derrière les barreaux, l’on comprend que la liberté n’a pas de prix. Parfois les conditions sont des plus abominables. La sodomie, la violence verbale, les menaces parmi les prisonniers, etc., sont les plus citées.

Autobiographie de Jawaharlal Nehru

Jawaharlal Nehru, dans son ouvrage intitulé ‘An Autobiography’, raconte ce qu’il a lui-même vécu à la prison de Naini Central. Sa vie bascule. Son père aussi est arrêté le 30 juin 1930 pour se retrouver avec lui en prison.

Comme pour la plupart des pièces, ce ne sont pas des dortoirs, mais des espaces étroits. C’est difficile de penser à s’évader de ces lieux. Pourtant il écrit :

  • My bed was heavily chained up, lest I might take it up and walk away, or most probably to avoid the bed being used as a kind of scaling ladder to climb the wall of the enclosure.

Nehru parle des bruits et des sommeils dérangés.

  • The nights were full of strange noises. The convict overseers, who guarded the main wall, frequently shouted to each other in varying keys, sometimes lengthening out their cries till they sounded like the moaning of a distant wind…

Pire encore, à l’époque de la pré-indépendance de l’Inde, il n’est pas traité en dignitaire à cause des problèmes politiques et de sa popularité grandissante. Il ne cache pas le choc qu’il éprouve de se retrouver dans un lieu dégoûtant.

  • My barrack and enclosure were popularly known throughout the gaol as the kuttaghar – the Dog House. This was an old name which had nothing to do with me. The little barrack had been built originally, apart from all others, for especially dangerous criminals who had to be isolated. Latterly it had been used for political prisoners, detenus, and the like who could thus be kept apart from the rest of the gaol.”

Jawaharlal Nehru parle des autres prisonniers qui ont été incarcérés il y a plus de vingt ans.

  • For years and years, many of these lifers do not see any child or woman, or even animals. They lose touch with the outside world completely, and have no human contacts left. They brood and wrap themselves in angry thoughts of fear and revenge and hatred; forget the good of the world, the kindness and joy, and live only wrapped up in the evil…

Dans certains pays, la brutalité et la maltraitance sont monnaie courante. Il suffit de voir les documentaires sur les prisons en Syrie, en Afghanistan, aux Etats-Unis pour confirmer cette information. Nehru compare les prisonniers de ces pays avec ceux des prisonniers d’Europe. Il passe un meilleur jugement sur les conditions d’incarcération de ces derniers.

  • European or Eurasian prisoners, whatever their crime or status, are automatically placed in a higher class and get better food, lighter work and more interviews or letters. A weekly visit from a clergyman keeps them in touch with outside affairs.

Nehru, quant à lui, subit bien des privations.

  • We had no daily newspapers in prison but a Hindi weekly brought us some news… I longed to go out…

C’est qu’il savait que les activités politiques bouillonnaient, que le changement s’annonçait pour une Inde libérée.

Nehru, ayant été prisonnier plus d’une fois, est à même de nous faire réfléchir sur une synergie entre les institutions-clés d’un pays. Sans un travail professionnel et un esprit d’équipe, la situation est condamnée à se dégrader. Il se posait de plus en plus de questions sur le rôle de la prison.

  • But no one seemed to think that the main purpose of the prison must be to improve and help the unhappy individuals who come to it. Break them! — that is the idea, so that by the time they go out, they may not have the least bit of spirit left in them… How important and essential is a prison to the Modern State!

 

Et à l’île Maurice ?

A l’île Maurice, à part Melrose, les autres prisons procurent de meilleures chances de tricher et de tromper la vigilance, paraît-il…

Un Mauricien parle de son expérience d’incarcération de six mois:

  • « Mo konne ça doulère-là. Envie fumer. Pas capave. Envie dormi bien. Mais éna ape ronfler… ».

Quelques-uns n’ont même pas d’argent de poche. Apparemment, ils peuvent acheter des boissons gazeuses et des petits gâteaux. C’est néanmoins un stress difficile à gérer. Seuls ceux qui ont vécu cette expérience peuvent comprendre ce sentiment d’enfermement…

La réflexion de Nehru à propos du rôle de la prison fait penser à ces récidivistes qui n’ont qu’une envie dans la rue : tuer pour le plaisir, satisfaire le besoin de vengeance. C’était bien le cas à la rue Vandermeersch à Rose-Hill, un dimanche matin quand le récidiviste a poignardé un pauvre malheureux…

Si l’on en croit le dernier budget, les effectifs policiers vont être doublés. Il y aura peut-être plus de contrôle, plus d’arrestations et plus de prisonniers. Mais qu’en sera-t-il des conditions de détention ?

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