Bâtisseurs et Démolisseurs

La folie bâtisseuse ne doit pas s’emparer des esprits. Un maître d’ouvrage doit savoir s’entourer d’un maître d’œuvre, dit-on

La curieuse similitude entre les bâtisseurs et les démolisseurs ne se limite pas qu’à notre Ile Maurice. Depuis toujours les envahisseurs, les conquistadors ont détruit, Oh ! Combien de civilisations ; ils ont brûlé des villages, ont fait des razzias pour laisser leurs propres marques.

L’expression kraz partout… ce n’est pas nouveau. Comme le mot « développement » est très tendance, alors il faut passer par là. Subir le régime en place.

Dans quelques années la population appréciera une forme de transport pratique – déjà prévue et tracée par le Parti Travailliste et reprise par l’actuel Gouvernement.

Sauf que les politiques veulent avancer sous des vents contraires. D’ailleurs, les avis sont très contradictoires à propos du métro qui va relier des villes et autres lieux engorgés.

Bâtisseurs des pyramides

Plusieurs monuments ont leur symbolisme et leur mystère.

  • Robert M. Schoch de Boston a voulu comprendre pourquoi les pyramides sont apparues. Une autorité religieuse ou politique surveille la construction d’une pyramide.
  • Au Pérou, en Amérique latine, les très vieilles pyramides construites environ 3,500 avant J.C. ont échappé à la main destructrice des envahisseurs. Les deux plus vieux monuments ont des noms espagnols signifiant « Lieu sacré des idoles » et « lieu sacré des sacrifices ».
  • Une autre pyramide sur le site de Warka en Irak – pays rongé par des désastres aujourd’hui – était connue comme le temple blanc d’Uruk. Après l’invasion perse, la nouvelle province impériale pousse la population à récupérer briques et autres matériaux en démolition pour leurs propres besoins.
  • Un autre site sacré, bien avant l’époque des pharaons, était la grande pyramide de Kheops. Mais encore une fois les Egyptiens oublient leur gloire passée. Ils arrachent la belle couche de calcaire poli et l’emportent pour construire Le Caire.
  • Au Mexique la pyramide de la Lune a été détruite par des charges explosives dans une ville cosmopolite qui attirait des immigrés et des pèlerins.

En Egypte, en Indonésie, en Inde les pyramides ne sont pas simplement faites pour le tourisme. Elles invitent à participer à la vie du lieu : rites populaires de sacrifice, rites autour de la mort et de l’inhumation d’un pharaon. Selon les chercheurs et universitaires, la construction des pyramides serait le fruit des nombreux contacts interculturels.

Démolisseurs en toute légitimité ou non ?

Les impacts des catastrophes naturelles comme des gigantesques tsunamis, des éruptions volcaniques ou des tremblements de terre sont souvent déroutants. On ne peut pas les juger non plus sauf que, suivant les croyances populaires, le Mal domine car les gens sont malfaisants.

Mais les politiques présentent aussi des failles. Des lieux de mémoire montrent bel et bien qu’il y a eu des pillages, destructions impitoyables, des massacres, etc., depuis des milliers d’années.

Des monuments comme la vieille poste de la gare Victoria – Port Louis – renferment une histoire qu’il faut connaitre avant que le bâtiment ne soit démoli. L’ancien bâtiment qui servait de siège au Parti Travailliste sera remplacé bientôt. Comment ne pas penser à en faire un coin de musée avec ses anciennes pierres, ses couleurs et garder vivante une lutte inoubliable ? Si demain La Butte est rénovée, tant mieux ! Mais au moins que ce lieu garde son cachet en songeant à certains murs avec des fresques.

En Europe, à New York la modernité est prisée. N’empêche que les politiques pansent les plaies en investissant dans des lieux de mémoire. Plus de 350 châteaux existent en France. Quelques-uns sont en ruine mais la plupart invite à la découverte. Des visites, des activités culturelles, des guides formés, des boutiques de souvenirs, autant de façons pour ne pas oublier la belle époque du Roi Soleil comme à Vincennes.

A Venise, il reste les 400 gondoles contre 14,000 au 18e siècle et servent encore pour les promenades. Les anciens châteaux du sud de l’Inde se transforment en restaurants. Mais les tableaux avec les costumes de l’époque et les magnifiques objets en cuivre qui ont échappé aux mains des démolisseurs trônent fièrement dans ces lieux.

Démolir, c’est faire comprendre qu’un lieu, un monument ou autre ne sert pas l’ambition d’un régime ou d’une institution. Il faut faire place à ce qui convient mieux aux temps à venir. Encore faut-il se demander qui en profitera ou qui en souffrira de ces développements… La folie bâtisseuse ne doit pas s’emparer des esprits. Un maître d’ouvrage doit savoir s’entourer d’un maître d’œuvre, dit-on.

 

  • Published in print edition on 15 September 2017

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